mercredi 30 avril 2014

Enola Apercu

Au détour des allées de la PAX East, mon regard s'est porté sur le petit stand du studio salvadorien The Domaginarium, attiré par ce qui est décrit comme un jeu d'aventure / horreur sans monstres. Ca s'appelle Enola, soit Alone (seul) à l'envers, et c'est effectivement une horreur dans laquelle je me suis senti bien seul.
Enola



Il y a des articles qui sont difficiles à écrire, généralement parce que l'inspiration ne vient pas, mais pas seulement. Il y a aussi les articles difficiles à écrire parce que le jeu aperçu est si mauvais que tout ce que l'on trouve à écrire semble être produit par de la méchanceté gratuite. Il m'a fallu plusieurs jours avant de me mettre à écrire l'aperçu qui suit, simplement parce que j'ai eu un mal fou à rassembler mes idées autour du jeu Enola – un jeu qui part d'une idée forte mais qui est traitée de manière inadéquate.

Aventure classique

Aperçu Enola - PAX East 2014 PC - Screenshot 1L'ambiance rose bonbon disparaîtra bien vite de l'aventure.
Dans les grandes lignes, Enola est un jeu d'aventure à la première personne principalement basé sur l'exploration et la résolution d'énigmes. Nous incarnons une jeune fille à la recherche de sa petite amie dans ce qui semble être un énorme manoir. Si j'ai bien compris, les deux filles habitent là, mais l'une d'elles reste introuvable… Il nous faut explorer minutieusement chaque pièce pour suivre la piste de la disparue dans une demeure qui sombre peu à peu dans le surnaturel. Les pièces changent de configurations, certaines portes nécessitent des clés pour être ouvertes, des mécanismes ont besoin d'être réactivés, bref, voilà une progression très classique qui nous attend avec aussi des objets à ramasser pour résoudre des énigmes, du style un levier trouvé à la cave permet d'enclencher un rouage au grenier.

Seule, perdue à la maison

Aperçu Enola - PAX East 2014 PC - Screenshot 2Même l'héroïne est choquée par la laideur du jeu.
Le classicisme de l'affaire n'est pas forcément dérangeant. Après tout, Gone Home a prouvé qu'il est tout à fait possible de rendre passionnante l'exploration d'une maison. Mais Enola ne se donne absolument pas les moyens de retenir ne serait-ce qu'une fraction de notre intérêt. Non seulement les décors sont mal modélisés, mais les pièces sont également toutes très vides. Ici, un lit et une commode suffisent presque à transformer une salle en chambre. Remplacez le lit par une table et vous avez un salon. N'espérez donc pas vraiment vous perdre dans les détails d'une maison pleine de souvenirs mais plutôt dans un dédale de salles et de couloirs qui se ressemblent tous. A l'heure actuelle, je ne sais toujours pas comment le développeur faisait pour me guider dans ce labyrinthe de vestibules et de corridors tous clonés les uns sur les autres. Le pire dans l'histoire, c'est qu'avec des visuels si laids, le jeu se permet tout de même de ramer, nous faisant subir un frame rate au ras des pâquerettes, proche des 15 à 20 images par seconde. Incompréhensible.

Sujet maltraité

Aperçu Enola - PAX East 2014 PC - Screenshot 3Les "monstres" sont toujours là.
Avec Enola, le studio The Domaginarium touche un sujet rarement abordé dans les jeux vidéo. Très vite dans l'aventure, on comprend qu'une horreur est arrivée à notre petite amie lorsque celle-ci a croisé la route de trois garçons mal intentionnés. Au travers de lettres et de ce qui semble être des visions, le titre tente d'explorer les sentiments que peuvent éprouver les victimes d'abus sexuels. Bien sûr, la thématique est suffisamment délicate pour ne pardonner aucune errance sur le sujet. Et c'est bête à dire, mais l'aspect technique et la stupidité des énigmes nous sortent constamment du sujet. Tandis qu'on vient d'apprendre que notre petite amie a subi l'inimaginable, nous voilà à essayer de retrouver notre chemin jusqu'à la chaudière pour pouvoir réparer l'ascenseur (exemple fictif, mais suffisamment explicite pour être retenu). Je veux bien que le titre se veuille un drame psychologique, mais les énigmes s'intègrent mal, n'ont rien d'intuitives et cassent le rythme de l'intrigue. Aussi, était-il absolument nécessaire de faire sombrer le jeu dans le surnaturel ? La noirceur du sujet ne suffit-il pas à lui-même pour faire froid dans le dos ?

Quelques bonnes idées tout de même

Aperçu Enola - PAX East 2014 PC - Screenshot 4Un choix difficile.
A vrai dire, je suis d'autant plus déçu avec Enola qu'il y a bien quelques petites idées qui émergent parfois. Le jeu se distingue notamment par l'absence de monstres, du moins de monstres fantastiques car il semble que les trois garçons soient présents d'une manière ou d'une autre dans l'aventure. Hélas, leur présence semble assez mal exploitée puisque les croiser dans le manoir engendrera simplement une petite scène d'action où il faudra appuyer rapidement sur une touche pour fuir. Dans un registre plus inquiétant, la mise en scène de certaines salles réussit à nous mettre réellement mal à l'aise. C'est le cas de ces pièces avec des mannequins mimant des événements passés, ou d'une séquence durant laquelle l'héroïne doit obligatoirement choisir qui tuer et qui sauver entre deux individus. Ce genre de décisions pourrait directement influencer la fin de l'aventure puisque Enola comportera cinq dénouements différents. Les joueurs curieux peuvent tenter de les découvrir dans la mesure où Enola est d'ores et déjà proposé à la vente en version alpha sur Desura. Pour notre part, nous attendrons la version finale en espérant que les ajustements nécessaires (techniques et narratifs) soient opérés.

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